Frank et April sont jeunes, et plutôt bien de leur personne. Dans l'Amérique des années 50, ils sont

2 heures pour nous conter l'enfermement psychologique, la prison qu'est devenue leur vie. Mais 2 heures qui passent sans qu'on s'en rende compte. J'ai eu l'impression de voir deux âmes perdues en mer, tentant d'éviter la noyade, mais ne faisant que couler, inéxorablement. Confrontant leurs rêves à la décevante réalités, Frank et April sont submergés par le vide, le gouffre de leur existance. L'ambiance feutrée, les costumes très souvents sombres ou gris des hommes, la sensualité affichée d'April, sa colère rentrée et désespérée sont magnifiquement filmés par Mendes et parlent tout autant que les dialogues.
Alors que Franck s'adonne à l'adultère sans grande conviction et s'enfonce dans sa vie "pépère", April se débat et lutte. Jusqu'à la mort. La fin, tragique, m'a beaucoup frappée. Elle témoigne de la désespérance de cette femme qui aurait voulu une autre vie que celle d'épouse de, de mère de, d'amie de. Son ultime acte de révolte lui coûtera la vie. C'ets un constat tragique de la vacuité des règles de la société des années 50, et surtout l'hypocrisie des bonnes manières et des apparences. Le contre-point de cela est le personnage du fils de l'agent immobilier (jouée par Kathy Bates), "fou", "dérangé", mais qui dit tout haut ce que les autres pensent tout bas, ou ne pensent pas du tout.
Si DiCaprio pèche parfois par trop de gesticulations, il a su m'émouvoir par moment, en homme accroché désespéremment à une bouée qu'il sait percée. Quant à Kate Winslet, je l'ai trouvée parfaite. Elle sait jouer du regard, d'une posture, d'un silence.
On pourra peut-etre (sûrement) reprocher à Mendes trop d'académisme dans la mise en scène, mais on lui pardonne.
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