Publié en 1972, In my father's den est le troisième roman de Maurice Gee, auteur néo-zélandais reconnu et prolifique. Dans ce court ouvrage (175 pages) Paul, le personnage principal, raconte le meutre de Celia Inverarity, une de ses élèves. Mais plus que l'histoire d'un meurtre, ce livre nous parle de deux adolescents qui, à des années d'écart, on tenté d'échapper à ce qui était leur destin dans une petite ville proche d'Auckland.
Ainsi, Gee intercale passé et présent, faisant le récit de l'enfance de Paul, son départ pour l'étranger, puis son retour dans la ville de son enfance pour enseigner l'anglais. Paul Prior, fils de son père (presque fils à papa), raconte le presque fanatisme de sa mère (qui brûle des livres "impurs"), les amis, le premier amour, Joyce Pool, plus belle fille du coin. Mais surtout, sa relation avec son père, qui l'initia, en cachette de la mère, au plaisir de la lecture, à l'ouverture d'esprit. Envisageant d'être écrivain, mais surtout ne supportant pas de rester dans cette petite ville, Paul partira en Europe notamment, où il perdra ses illusions de célébrité et se contentera d'être professeur. Alors qu'il est en Espagne, il réalisera qu'il veut retourner dans son île natale. Wadesville a beaucoup changé, mais Paul y retrouve son frère, marié, Joyce ayant épousé à l'ancien meilleur ami de Paul... Ce dernier se prend d'amitié pour Celia, la fille de Joyce. Cette amitié sera bien sûr mal vue par l'ensemble de la population, et les soupçons se porteront sur Paul.
Gee offre ici un livre foisonnant, puissant, qui nous amène à réfléchir sur les relations qui nous lient aux membres de notre famille, au poids de la religion, aux rêves inassouvis, à l'adolescence pleine de promesse gâchée par les secrets, les mensonges, la jalousie. Celia est le miroir de Paul, il se reconnaît en elle. Chacun d'eux a été rebelle à sa manière, chacun était donc solitaire, peut-être trop brillant pour cette petite ville très provinciale, puritaine. Et si les rêves de Paul ne se sont pas réalisés faute de liberté "psychologique" vis à vis de son passé et de sa culpabilité, c'est cette même liberté qui a tué Celia. Gee analyse les ressorts d'une communauté depuis le milieu des années 30 jusqu'au meurtre en 1967.