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Tiré du livre éponyme de Kazuo Ishiguro (que je devrais lire dans le cadre de mon challenge ABC), ce film de James Ivory est un petit bijou d'émotion tout en sobriété et délicatesse.

Mr Stevens (Anthony Hopkins) est majordome à Darlington Hall, dans l'Oxfordshire. Lors d'un voyage dans l'Ouest britannique en 1956, il va se souvenir et faire le bilan de sa vie, autant professionnelle que personnelle.
Chef de la domesticité d'un Lord très bien sous tous rapports, il assiste à l'implication de plus en plus grande de celui-ci dans les tractations d'avant-guerre avec les allemands. Qui lui vaudront d'ailleurs l'opprobre une fois la guerre finie. Aidé de Miss Kenton (Emma Thompson), Stevens mène de main de maître la maison, prenant son métier à coeur. Probablement trop. Ses mots d'ordre étant perfection et dignité.
Ivory nous donne à voir la vie ratée d'un homme au dévouement envers son travail tout britannique. Un homme pour qui l'apparence est tout, et la moindre émotion doit être cachée. Malgré les gestes de Miss Kenton pour aller vers lui, Stevens restera perpétuellement sur la réserve. Malgré l'ambassadeur allemand venant dîner, jamais Stevens ne remettra en cause les actions de son employeur, car ce n'était "pas sa place de le faire". Spectateur de ces tractations, il le sera aussi de sa propre vie.
Que dire sinon que ce film nous transporte littéralement dans l'Angleterre des années 30, que l'interprétation des divers acteurs est impéccable. Hopkins est bluffant, sa capacité à faire passer les moindres émotions de son personnage dans un simple regard incroyable. Emma Thompson est elle aussi parfaite.
Un film désenchanté, sur une vie en quelque sorte ratée et des espoirs envolés. Des personnages témoins malgré eux de l'Histoire, mais qui sont incapables d'écrire la leur. La perte, la dilution de l'essentiel dans le futile du quotidien.
Un très très beau film.
Après avoir lu le livre, certaines réflexions me viennent. Tout d'abord, je suis époustouflée a posteriori par le brio d'Ivory. Il a su garder l'esprit du roman, tout en changeant certains aspects: par exemple, dans le livre d'Ishiguro, l'action débute en 1923 et la fameuse conférence se tient à ce moment là. De même, ce n'est pas le sénateur Lewis qui rachète Darlington Hall, mais un autre américain. De plus, certains épisodes du livres, comme des rencontres que fait Stevens sur la route sont occultées, alors qu'elles amènent tout une foule de réflexions sur les rapports du majordome avec son ancien "patron" et les opinions et agissements de celui-ci. Stevens va même jusqu'à renier d'avoir été au service de Lord Darlington. Mais Ivory fait passer de manière plus subtile ses sentiments, et vraiment, il ne perd rien de l'esprit d'Ishiguro.

Tag(s) : #Petit & grand écran, #coups de coeur
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