Katherine Mansfield est un des rares auteurs néo-zélandais à être mondialement connus. Née en 1888 dans la capitale, Wellington, elle part avec ses parents en Angleterre en 1903. Là-bas, elle fera la rencontre de Virginia Woolf ou de DH Lawrence. Elle meurt en 1923. Elle aura publié de nombreux écrits dans des revues telles que The native companion (en Nouvelle-Zélande) ou Rythm au Royaume Uni. Deux recueils paraîtront: Félicité en 1920 et La Garden party en 1922.
J'ai donc choisi deux nouvelles, parues chez Folio, Mariage à la mode, précédé de La Baie.
La Baie, comme son nom l'indique nous dépeint l'univers d'une petite communauté dans une baie en Nouvele-Zélande. On y rencontre successivement des couples, des enfants, toutes sortes de personnages donc, sans qu'aucune intrigue à proprement parler ne soit ébauchée. Il s'agit véritablement d'une grande fresque, au sens pictural du terme, qui nous fait découvrir un jour banal dans un lieu X. Pas vraiment d'intérêt anthropologique dans cette nouvelle, mais une magnifique écriture, sensuelle et poétique. Des scènes de la vie de tous les jours, les espérances des habitants, la tristesse de certains, la légèreté d'autres. Mansfield y porte un regard à la fois distant et tendre sur ses contemporains.

La force de cette nouvelle est la retenue de l'auteur. Elle raconte précisément ce qu'il se passe, sans jamais indiquer sa pensée. Au lecteur de se faire son idée. Et pourtant, j'ai senti une grande violence dans cette nouvelle. La violence de l'abandon de cet homme sensible, plein d'incomphréhension face à cette épouse subjuguée par ses nouveaux amis. J'ai été prise d'un fort ressentiment à l'égard d'Isabel, qui donne en pâture à ses "amis" cette lettre, et qui préfère leur amitié intéressée à la sincérité maladroite de son époux. Et c'est là il me semble toute la force de l'écriture de Mansfield.
Deux nouvelles, donc, qui donnent à voir tout le talent de cet auteur. Un bien belle découverte.
Challenge ABC 2008
Lettre M, Nouvelle-Zélande
Commenter cet article