Un monde au-delà des hommes - C. Hermary - Vieille

12 Décembre 2024

Incursion dans le grand sud, avec ce récit (il est écrit roman sur la couverture, mais il me semble qu'on est plus dans le récit, même si j'imagine que la catégorisation "roman" vient du fait qu'Hermary-Vieille a dû imaginer certaines choses, combler des blancs) de deux expéditions très célèbres, celle de Scott et celle d'Amundsen, visant à atteindre le pôle sud. Une entreprise extrêmement dangereuse.

Le livre est divisé en deux parties, la première conte l'expédition des Norvégiens, partis avec des chiens de traineaux. La seconde nous fait suivre celle menée par l'officier de marine le Capitaine Scott, qui a opté pour des traineaux motorisés (qu'on ne verra pour ainsi dire jamais d'ailleurs) et des poneys de Mandchourie.

Amundsen et ses acolytes, tous de grands athlètes (il y a même un champion de ski parmi eux), très au fait, de part leur origine, avec le monde de la glace et du froid; Amundsen et l'un d'entre eux ayants vécu pendant 6 mois avec des Inuits, appris à mener des chiens de traineaux. Amundsen, expérimenté, a tout calculé. Ils partent avec 90 chiens, des tonnes (un peu plus de 3) de matériel et nourriture, des skis. De fait, malgré quelques (grosses) frayeurs, l'expédition se passera presque sans embûches: il y a bien sûr des crevasses (avec une chute qui aurait pu très mal tourner), les vagues de glaces, un mont de près de 3800m d'altitude à grimper avant d'arriver au fameux plateau du pôle. (Petit avertissement: certains chiens seront utilisé autant pour tirer les traineaux que pour "fournir" de la nourriture.) Ils arrivent donc les premiers au pôle, et repartent sans problème, bien que très fatigués.

De l'autre côté, Robert Scott, qui avait déjà tenté l'aventure polaire, est un homme imbu de sa personne et de sa supériorité en tant que sujet de sa majesté Edouard VII. Il regarde de haut Amundsen et ses chiens. Incapable d'admettre la critique, il ne sait pas se remettre en question. Le choix des poneys est totalement inadapté, et en plus les bêtes ne sont pas en bon état. Ils mourront vite d'épuisement ou de blessures. Les hommes devront donc rapidement tirer eux-mêmes les traineaux! Il fait des erreurs comme pour l'implantation du premier "dépôt". Les dépôts sont des lieux de stockage pour le chemin retour : l'expédition ne peut pas partir pour un périple de 3400km avec du matériel pour la totalité du trajet. Il faut donc installer à intervalles réguliers et pertinents ces dépôts. Le premier (le dernier sur le chemin du retour) sera installé moins loin que prévu. Je ne divulgâche rien en vous disant que cette expédition sera un échec terrible: aucun des hommes ne reviendra vivant. Scott aura donc hypothéqué dès le départ son expédition, s'attirant d'ailleurs l'inimitié et le mépris de certains membres comme le militaire Oates. L'orgueil jouera beaucoup dans la tragédie que deviendra cette expédition: alors qu'ils ont découvert que les Norvégiens les avaient devancés, Scott décide d'aller récupérer des cailloux (l'expédition avait aussi un aspect géologique). Une décision d'orgueil humilié, alors même que les hommes sont déjà en mauvais état physique et les vivres trop justes.

Ce livre a été passionnant à livre de bout en bout, et je l'ai dévoré dans la soirée. Catherine Hermary-Vieille a su retranscrire l'état d'esprit de ces hommes, exaltés et déterminés par la quête de ce pôle sud mythique au coeur de l'Antarctique. Cela lui a été relativement aisé pour l'expédition britannique puisque ceux qui retrouvèrent les corps récupérèrent les carnets que tenaient chacun des hommes de l'expédition. Une aventure folle qui parle de dépassement de soi, d'orgueil, de solidarité, de la beauté de cette nature sauvage à l'extrême. Mais aussi les doutes, puis la certitude de l'échec et finalement la mort.

Ce n'est pas un coup de coeur total parce que le style de l'autrice est franchement fade.