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Je l'avais noté car il avait beaucoup tourné sur les blogs à sa sortie, mais jamais lu. ce très court roman de la Coréenne Cho Nam-joo vient d'arriver en poche sur les rayonnages de ma médiathèque. C'est un roman féministe qui nous montre, à travers la trajectoire de la jeune femme qui donne son nom au roman, le poids dramatique du patriarcat en Corée...et partout ailleurs.

Kim Jiyoung est donc née en 1982 et a grandit dans une famille qui sans être vraiment à l'aise, n'a manqué de rien, notamment grâce à la pugnacité et le sens des affaires de la mère de famille. Quand débute le roman, Jiyoung est jeune maman, et du jour au lendemain, des voix s'expriment à travers elle de manière inopinée, notamment celle de sa mère, mais pas seulement. La voix, le phrasé, le caractère tout est là, comme si Jiyoung était possédée. 

Après un premier chapitre situé au présent, retour en arrière sur la vie de Jiyoung, son enfance, adolescence, ses années d'universités, son mariage et le début de la maternité. UN peu plus de 34 ans déroulés en un peu plus de 120 pages.
Et c'est un festival! Une liste longue comme le bras de moments, infimes ou importants, agaçants ou terrifiants, pendant lesquels être une femme s'est avéré être un handicap, une honte, une menace, un empêchement. Ce que vit Jiyoung, c'est ce que vivent, ont vécu, et malheureusement vivront tant de petites/jeunes filles/femmes à travers le monde. Passer toujours en second derrière le frère, fût-il plus jeune, à qui on ne demande jamais rien, qui vit comme un pacha, qui est l'avenir de la famille, quand les filles sont les boniches, les faire-valoir etc.

Heureusement pour elle, Jiyoung et sa soeur aînée ont été élevées par une mère qui elle-même était plutôt "rebelle" et n'avait pas sa langue dans sa poche. Cela ne les aura pourtant pas empêchées d'entre en butte à toutes les petites et grandes discriminations, les garçons toujours premiers à la cantine, recommandés à l'université, même si les filles ont de meilleures notes, le harcèlement des hommes dans les transports, le plafond de verre dans l'entreprise (si elles arrivent à y entrer), la maternité comme un renoncement et j'en passe. Jiyoung voudrait vivre sa vie, elle n'a pas vraiment envie d'avoir un enfant, et pourtant elle se résigne. Mais elle se serait peut-être résignée plus tôt encore si des femmes, sur son chemin ne lui avaient donné de l'espoir, et la conscience que non, elle avait beau être une femme, elle n'était pas moins valable qu'un homme.

Je vous laisse découvrir le dernier chapitre, dont on découvre le narrateur, masculin, et sa vision des choses. Paradoxale mais pas surprenante.

Beaucoup de statistiques dans ce roman, qui peuvent un peu faire tiquer d'un point de vue de la narration, mais qui rappellent l'ampleur des discriminations que vivent les femmes en Corée en particulier, et dans le monde entier en général. La société coréenne est profondément machiste, malgré les avancées légales des 20 dernières années. C'est d'ailleurs là-bas qu'est né en 2010 le mouvement "4B" :  des femmes qui ne veulent avoir ni relations amoureuses avec des hommes, ni enfants avec des hommes.

Tag(s) : #Ma bibliothèque, #Histoires de femmes
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