Les oiseaux de papier - Mana Neyestani

1 Décembre 2024

C'est le troisième ouvrage que je lis du journaliste et caricaturiste iranien Mana Neyestani (il vit en exil en France). Après Une métamorphise iranienne et L'araignée de Mashad, j'ai donc lu Les oiseaux de papier, un album consacré aux passeurs kurdes le long de la frontière avec l'Irak.

Au péril de leur vie, ils passent en Irak pour prendre des marchandises, souvent illégales en Iran, et les ramènent en les portant sur leur dos, des charges qui pèsent parfois jusqu'à 50kg. Très pauvres, ils n'ont d'autre choix que ce "métier" si dangereux, qui pour payer le traitement médical de sa mère, qui pour avoir assez d'argent pour fuir avec son amoureuse vers l'anonymat de Téhéran. Nombre d'entre eux ont fait des études.

Si la voyage est dangereux, c'est à cause du terrain (ils doivent passer par les sommets de plus de 4 000 mètres des monts Zagros) et des conditions climatiques, mais aussi des mines anti-personnel datant de la guerre Iran/irak des années 1980, et enfin des policiers qui les traquent, les tuent parfois, et récupèrent en passant la marchandise pour la revendre eux-mêmes. Nous suivons plusieurs personnages dont Jalal, un ingénieur qui veut fuir vers la capitale avec la femme dont il est amoureux mais qui est promise par son père à un vieillard. Nous la voyons d'ailleurs tisser un tapis en attendant le retour de Jalal. Il y a aussi un vieillard, un ancien soldat souffrant de syndrome post-traumatique, un pré-adolescent etc.

A travers ces Oiseaux de papier, Mana Neyestani donne à voir une société qui survit grâce au marché noir, une police pourrie de corruption, la vie humaine ne valant que peu de chose. C'est poignant car à travers ces personnages on ressent le désespoir d'individus qui veulent cependant croire à la lumière au bout du tunnel et ne veulent pas abandonner malgré l'adversité.