Vendredi dernier, j'animais une rencontre avec l'autrice Louise Mey (dont vous allez beaucoup entendre parler les prochaines semaines dans ce blog, vu que j'ai lu cinq livres d'ell), qui écrit des polars/romans noirs autour des thèmes des violences sexuelles (et autres) faites aux femmes en littérature adulte, et des romans (dont l'excellente série Mystères et pyjama chaussette) et albums jeunesse. Pour préparer cette rencontre, j'ai donc beaucoup lu sur le sujet, et comme je souhaitais aborder la thématique de la domination masculine à travers le prisme économique, j'ai visionné ce documentaire de Gilles Perret et de François Ruffin, journaliste et député.
Dans ce documentaire dont le titre Debout les femmes! reprend l'hymne du MLF, François Ruffin nous parle ou plutôt donne la parole aux femmes (car oui, dans les métiers dits du lien ou du care, ce sont quasi exclusivement des femmes qui évoluent) qui travaillent comme AESH, AVS ou encore ces femmes qui assurent l'entretien des locaux de l'Assemblée nationale (en sous-traitance bien entendu). On est en 2020/2021, la crise du COVID a rendu flagrant l'importance des "petites mains" qui, pour péniblement joindre les deux bouts, enchaînent les 1/3 temps et les métiers aux horaires de travail fractionnés et souvent décalés.
Dans le cadre de son travail parlementaire, on a "adjoint" à Ruffin le député En Marche! Bruno Bonnell comme binôme (que je ne connaissais pas du tout), chef d'entreprise, il fut l'équivalent de Trump dans l'adaptation française de l'émission de téléréalité The Apprentice. Pas tout à fait le même genre que Ruffin.
Mais tous les deux vont se découvrir, et au fur et à mesure des rencontres, ils vont finir par proposer un texte de loi sur la revalorisation de ces métiers, pour plus de dignité, plus de considération et bien entendu une rémunération plus juste. Car pour beaucoup, ce sont des travailleuses pauvres.
On ne peut qu'être émue et bouleversée au visionnage de ce film qui raconte l'importance de ces métiers, totalement méprisés... probablement parce qu'ils sont essentiellement occupés par des femmes. Ruffin et Perret ont su les mettre en valeur, rappeler les grandes difficultés auxquelles elles font face. Une masse majoritairement silencieuse, qui endure pour certaines d'entre elles parce qu'elles aiment profondément leur métier, mais d'autres en viennent à en être dégoutées par la hiérarchie (exemple d'une AESH qui après plusieurs années va quitter son emploi car l'Education nationale n'est pas franchement un employeur facile...euphémisme!). Des AESH qui sont lâchées en pleine nature avec pour premier poste des enfants en situation de handicap parfois lourd (spectre de l'autisme par exemple) sans AUCUNE formation!
L'examen en commission du projet de loi écrit par Ruffin et Bonnell est à hurler de rage. Le projet est quasiment vidé de sa substance. En session, les amendements sont rejetés à une large majorité... sauf celui qui demande à inscrire dignité dans la loi. Alors, je veux bien que les mots aient leur importance, mais là, rejeter tout ce qui apportait une amélioration concrète à ces travailleuses, mais béatement voter à l'unanimité l'inscription du mot "dignité", c'est à vomir d'hypocrisie.
Un documentaire à voir!