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Encore une excellente série à voir sur Arte, en ce moment.
Dans Mum, nous suivons sur trois saisons de 6 épisodes chacune, deux années de vie de Cathy. La première saison s'ouvre sur l'enterrement de son époux David. Autour de Cathy, 59 ans, son fils Jason qui vit toujours au domicile familial et sa nouvelle petite amie Kelly (qui ne tardera pas à emménager) gentille mais bête à manger du foin (et Jason ne semble pas beaucoup, beaucoup plus brillant); il y a aussi Reg et Maureen les beaux-parents (un peu dans le genre Tatie Danielle mais en bien moins méchants quand même); le frère de Cathy, Derek et sa nouvelle compagne ultra snob Pauline. Enfin, il y a Michael ami de jeunesse dont il est évident qu'il est toujours amoureux de Cathy et qu'il fut le meilleur ami du défunt David.
La famille et l'entourage de Cathy sont décrits comme étant "ultra sans-gêne" et de fait, ils le sont tous et toutes. Cette série est rangée dans la catégorie "comédie" et il faut bien le dire, on rit beaucoup. Mais souvent jaune. Cathy en prend pour son grade un nombre incalculable de fois : de la part de sa belle-soeur Pauline imbuvable snob qui ne se cache pas de mépriser aussi bien Cathy que son propre compagnon (mais que fait-elle donc avec lui, se demande-t-on bien souvent?), Kelly enchaîne les bourdes et les commentaires désobligeants avec une ingénuité désarmante mais qui n'amoindrit en rien la violence de certains de ses propos etc... Son seul répit, son seul soutien, c'est Michael l'ami de toujours. Prévenant, tolérant, une épaule sur laquelle se reposer.
La série se joue en huis-clos, toujours dans la maison de Cathy, plusieurs mois pouvant se dérouler entre chaque épisode, sauf la dernière saison qui se joue sur une semaine dans une magnifique bâtisse où tous emménagent pour la semaine, louée à l'occasion de l'anniversaire de Derek.
J'ai ri oui, mais j'ai aussi ressenti beaucoup de peine pour Cathy qui accueille tous ces gens et leurs remarques avec le sourire, avec un flegme apparent qui rend la chose encore plus poignante à regarder. Tous prennent Cathy comme un acquis: une épaule sur laquelle venir pleurer, une femme de ménage (elle passe son temps à nettoyer après les autres), une personne à rabaisser pour se sentir un peu mieux. Et jamais personne, mis à part Michael ne se préoccupe vraiment de ce qu'elle ressent, de ce dont elle aurait besoin.
Dialogue entre Kelly et Jason:
- ah mince, ta mère essayait de ranger la table à repasser et je ne l'ai pas aidée, rioche-t-elle bêtement (Cathy a, à ce moment-là de la série, le poignet cassé et le bras en écharpe)
Réponse de Jason - Bah, c'est pas grave, t'en fais pas. (rire de benêt)
Au cours des épisodes, il m'est plusieurs fois arrivé de me dire que Mum est une série finalement assez pessimiste et très dure sur la nature humaine. Autour de Cathy gravitent des gens qui pour certains sont assez bêtes (mais pas forcément méchants, heureusement), quasi toujours égoïstes et très souvent pathétiques. Heureusement, la série creuse leurs failles, laisse entrevoir des possibilités "d'amélioration".
Mum rappelle, ô combien, que la femme, la mère aimante et dévouée, peut-être considérée comme allant de soi, toujours au service des uns et des autres, sans que personne ne se questionne sur ses envies et besoins. C'est terrible de voir comment cette femme qui encaisse, fait tout pour que tous et toutes se sentent bien est ainsi traitée. Mum rappelle aussi combien les stéréotypes et les clichés de genre sont prégnants, y compris chez les jeunes. Ainsi du fils de Cathy qui devient extrêmement désobligeant vis-à-vis de Michael quand il comprend que sa mère pourrait bien tomber amoureuse de lui. Le discours qu'il fait à plusieurs reprises à sa mère, sur le fait qu'il doit la protéger d'elle-même (!!) et de Michael (ce salopard qui essaie à toute force de s'immiscer dans leur famille), que c'est la place de l'homme de protéger la femme, qu'étant veuve elle doit se comporter avec plus de discrétion en mémoire de son défunt mari (mort depuis plus d'un an!) est révoltant de paternalisme arriéré et de mépris. Ce qui rend la chose pire c'est que c'est dit avec "beaucoup d'amour".
Un dernier mot sur les acteurs et actrices tous absolument formidables, Lesley Manville incarnant Cathy en tête. Peter Mullan dans le rôle de Michael (sa déclaration à Cathy m'a mis les larmes yeux) et Dorothy Atkinson absolument détestable et pathétique en belle-soeur snobinarde. Tous et toutes sont excellents, les dialogues sont parfaits, c'est de la très bonne série anglaise.