Sous les demandes pressantes de mes fans ;), je reprends enfin mon activité bloguesque après un été sans avoir presque rien publié. J'ai lu romans/BD/mangas, visionné des films et des séries, écouté nombre de podcasts, mais l'envie n'était pas là.
Pour cette reprise, j'ai choisi de vous parler d'un roman de Tara M. Stringfellow, intitulé Memphis, du nom de cette ville du sud des Etats-Unis, sorti en 2023 aux éditions Charleston.
Dans la chaleur étouffante de l'été 1995, après un énième débordement de colère de son père (militaire de carrière), Joan North trouve refuge avec sa mère et sa jeune soeur Mya dans la majestueuse maison qui a vu les femmes de sa famille grandir. Une maison typique du sud, où les fantômes sont nombreux.
Celui de son grand-père, lynché après être devenu le premier inspecteur noir de la ville. Celui de sa grand-mère qui, guidée par une rage incandescente, transforma son salon en lieu de rassemblement du mouvement révolutionnaire noir de Memphis. Et sa propre terreur, qui la submerge en même temps que ses souvenirs lorsqu'elle passe le seuil de la véranda. Confrontée aux tragédies des générations qui l'ont précédée dans cette demeure, Joan devine intimement, du haut de ses dix ans, que la violence n'est jamais loin...
j'avais lu beaucoup de bien sur ce roman que l'on peut qualifier de féministe, et qui de fait raconte la vie du point de vue des femmes de cette famille, dans laquelle les hommes bons disparaissent trop tôt, et où les mauvais sont trop nombreux.
J'ai vraiment aimé découvrir les destins de ces femmes/filles/mères confrontées à la violence de la société envers les Noirs et envers les femmes, bien entendu. Leurs luttes semblent sans fin, la violence peut surgir à tout instant, y compris et surtout quand on s'y attend le moins. Tara Stringfellow a su retranscrire parfaitement ce sentiment de qui-vive permanent que les femmes portent en bandoulière, y compris chez elles. C'est le cas lors de la description du voyage vers Memphis, quand la mère s'arrête dans une station essence car la climatisation de la voiture est en panne et les enfants affamées : elle calcule le temps qu'il lui faudrait pour courir à la voiture si jamais le gérant se montrait menaçant. De même, Joan, dans la maison familiale, qui évite à tout prix la présence de son cousin.
Memphis nous parle aussi de solidarité face à l'adversité : entre femmes, au sein d'une communauté (Noire ici) et entre communautés (avec l'épicier immigré Juif d'avant la seconde guerre mondiale). De déterminisme social que certains combattent, quand d'autres ne voient d'autre choix que de s'y abandonner.
Memphis nous parle de transmission, de lutte, d'aspirations contrariées et au contraire encouragées.
J'ai moins compris certaines actions des personnages qui m'ont semblées incongrues, voire illogiques, notamment en fin de roman.
L'écriture de Tara Stringfellow est sensorielle, ses personnages bien en chair et Memphis un roman intéressant à lire et un témoignage poignant sur une société américaine toujours aussi violente envers les minorités et les femmes. A découvrir.