Moscou, 1939. Le biologiste Rudolf Mayer a parcouru plus de huit cents kilomètres pour présenter aux autorités ses recherches sur une souche hautement virulente de la peste. Ce n'est qu'après cette réunion qu'il comprend qu'il a été contaminé, et que toutes les personnes qu'il a croisées peuvent l'être également. La police soviétique déploie alors un très efficace plan de mise en quarantaine. Mais en ces années de Grandes Purges, une mise à l'isolement ressemble à une arrestation politique, et les réactions des uns et des autres peuvent être surprenantes.
Court roman, Ce n'était que la peste, est un condensé de ce que fut l'URSS et sa terrible machine à broyer les humains, et notamment les "déviants". Par le prisme de la maladie, c'est tout un système que Oulitskaïa décortique dans toute son absurdité et son absolutisme. Ici il s'agit d'une maladie, mais ce ne sont pas des médecins qui sont dépêchés pour retrouver les différentes personnes. Car quoi de mieux que la police politique pour traquer ceux qu'il faut éliminer - pardon, mettre en quarantaine.
Écriture factuelle, la plume de l'autrice nous plonge dans l'engrenage terrifiant d'une dictature qui se sent menacée. A travers tous ses personnages le système se dévoile. Il y a quelques traits d'humour, qui tient essentiellement à l'absurde, mais pour le reste, je l'ai plutôt lu comme un récit documentaire que comme un roman, car cela reste assez froid. Écrit en 1988, ce livre a paru en 2020 en Russie et trouve une actualité nouvelle. Il n'est pas sans rappeler comment les régimes autoritaires ont réagi lors du déclenchement de la pandémie.