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Butterfly vision est le récit du retour de captivité de Lilia, soldate spécialiste des drones de combat pour la reconnaissance. Son nom de combat: Papillon. D'où le titre du film. C'est sur la recommandation d'un journaliste correspondant en Ukraine que je suis allée voir ce film.

Maksym Nakonechnyi a eu l'idée du film lors de la réalisation d'un documentaire sur les femmes soldates de l'armée ukrainienne (elles composent près de 25% des militaires, et sont comme les hommes sur la ligne de front). L'une de ces femmes disait à ses compagnes de ne pas laisser les Russes la prendre vivante. Cette simple phrase dit tout ce qu'il faut savoir sur les conditions de détention des femmes par les Russes et les pseudos séparatistes.

Le film s'ouvre sur un échange de soldats dont Lilia fait partie: seule rendue par les "Séparatistes", face à trois soldats rendus pas les Ukrainiens. Nous suivons son retour à la maison, avec d'abord, le passage obligé auprès des médias, puis le passage à l'hôpital pour tous les examens médicaux. Elle retrouve ensuite sa famille et son mari, lui aussi soldat. Le retour à la vie civile est loin d'être évident, d'autant que résultat de sa captivité, Lilia est enceinte.

Butterfly Vision est un film âpre et dur sur ce que vivent les femmes en temps de guerre. On ne voit que très peu d'images de Lilia lors de sa captivité, mais elles suffisent à imaginer tout ce qu'elle a subi. On apprend aussi que ses bourreaux appelaient sa famille pendant qu'ils la torturaient... Lilia est bien entendu choquée, très mal en point physiquement et moralement, son esprit parfois parasité par ses souvenirs. L'insert de ces flashs par une transition de pixels est vraiment intéressante cinématographiquement, de même que les nombreux plans pris de haut, comme via un drone. Cela rappelle la réaction du cerveau face au trauma que décrivent les victimes: comme si elles se voyaient de l'extérieur.

Malgré tout, Lilia tient debout, fait ses choix en dépit des uns et des autres. Tout en émotions rentrées, l'actrice Rita Burkovska transmet ses angoisses, ses hésitations, sa force aussi.

Maksym Nakonechnyi explore également l'impact de cette guerre (cela a été tourné en 2021, rappelons que l'Ukraine est de fait en guerre depuis 2014 et l'invasion par les Russes du Donbass) sur les Ukrainiens, les ravages sur les familles.

Un film à la limite du documentaire qui m'a énormément touchée.

 

Tag(s) : #Petit & grand écran, #coups de coeur, #Ukraine, #Histoires de femmes
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