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Danseuse étoile à l'Opéra Garnier, Elise subit une grave blessure au pied à l'occasion d'une représentation. Ce n'est certainement pas le fait du hasard, alors qu'en coulisse, elle découvrait à quelques secondes d'entrer en scène que son compagnon, lui aussi danseur, la trompe.
A seulement 26 ans, la voilà quasiment condamnée à ne plus danser. Elle doit se faire à l'idée d'entamer une seconde vie. Elle part en Bretagne comme commis de cuisine avec une amie, ancienne danseuse qu'une blessure à 18 ans a poussé à la reconversion, et son compagnon chef cuisinier. Ils assureront les repas d'une compagnie de danse contemporaine, dans une résidence d'artistes tenue par Josiane, elle aussi boiteuse.
Je suis allée voir En corps sur les conseils de Belle Maman, et ce fut un coup de coeur. Dans ce film porté par la lumineuse Marion Barbeau (elle-même danseuse à l'opéra Garnier), Cédric Klapisch propose une belle histoire de passion(s), de fragilité enfin acceptée et d'amitié. Elise est peut-être à une bifurcation de sa vie, mais loin de s'apitoyer, elle puise dans les forces qui lui ont permis de devenir étoile pour se tourner vers d'autres possibles fussent-ils professionnels, amicaux ou amoureux. Muriel Robin incarne Josiane, un personnage très intéressant, une sorte de seconde maman pour Elise. Boitant, elle se dit incapable de quoi que ce soit, son plaisir ultime étant d'aider les artistes à réaliser leurs projets. Si certaines de ses "tirades" sur l'art m'ont semblé parfois un peu alambiquées ou pompeuses, elle transmet parfaitement sa passion pour les passionnés. Le regard du spectateur qui ne sait rien faire mais admire les artistes et vibre de leur art.
Au travers des personnages secondaires et de leurs relations avec Elise (le père, qui ne comprend pas très bien sa fille, ne sait lui dire son amour, parfaitement incarné par Denis Podalydès, le kiné un brin perché et amoureux d'Elise (François Civil), le couple formé de cuisiniers (Pio Marmaï et Souheila Yacoub) etc.), Klapisch évoque aussi notre rapport à l'autre, nos errements et nos blessures, le besoin d'aimer et d'être aimer. Cela aurait pu tomber parfois dans la mièvrerie, mais cela reste sur le fil, et l'humour de Klapisch amène souvent une légèreté bienvenue.
En corps est enfin un film profondément sensuel au sens le plus entier, le plus noble du terme. Les corps qui se meuvent, les odeurs, les goûts (la cuisine de Pio Marmaï - toujours aussi excellent comédien), la musique. Les moments de danse, avec le chorégraphe jouant son propre rôle, Hofesh Shechter, sont passionnants à regarder. Tous les danseurs transmettent merveilleusement leur joie de danser, d'être au monde.
Un coup de coeur, un film comme une pulsion de vie, à voir sur grand écran si vous le pouvez encore (le film est sorti en mars, j'étais même étonnée de le trouver encore en salle) pour profiter au mieux des images et du son.
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