Arte propose des séries originales depuis plusieurs années, et elles sont souvent de très bonne qualité. La corde est une mini-série (vraiment mini: seulement 3 épisodes) qui se déroule dans un coin perdu de Norvège, autour d'un observatoire de l'espace. Un jour, Bernhardt, le directeur du centre (interprété par Richard Sammel, vu notamment dans Un village français) trouve au cours d'une balade en forêt, une corde. Il marche mais n'en trouve pas le bout. Le lendemain, ils sont six du centre à partir pour trouver le "bout" de la corde. (attention, les détails de l'intrigue seront abordés dans ce billet)
Sur les réseaux sociaux, les commentaires étaient plus que mitigés, pourtant j'ai choisi de regarder La corde, sur la foi de la qualité des productions diffusées par Arte, et son casting: Jeanne Balibar, Jean-Marc Barr, Suzanne Clément ou encore Jakob Cedergren. Réalisation très lente, laissant la place aux sensations et aux scènes intimistes, le premier épisode intrigue, on comprend vite que l'expédition va mal se terminer. L'intrigue alterne entre l'extérieur et l'intérieur du centre: ceux qui sont partis et ceux qui sont restés.
Dans le second épisode, un décalage temporel se crée entre le centre et les "randonneurs". Très vite, on se retrouve avec 10 jours, puis 3 semaines de temps passés à chercher ces derniers, quand l'action que l'on suit auprès d'eux semble ne durer que quelques jours (ils n'ont pas de nourriture, rien pour chasser et on ne les voit d'ailleurs manger qu'une seule fois). On comprend donc que les randonneurs ne reviendront pas. L'histoire se teinte fortement de fantastique, notamment quand ils retrouvent des cadavres dont certains sont entortillés dans la corde.
Le dernier épisode n'apporte pas vraiment de réponse sur la corde, qui bien sûr n'est qu'une métaphore. Une métaphore sur le besoin de savoir qui taraude l'Humanité, le besoin d'aller toujours plus loin, malgré les dangers, sans penser aux autres. Jusqu'à la folie. Certains personnages des randonneurs meurent, d'autres disparaissent sans que l'on sache ce qu'il advient d'eux.
L'idée de départ de La corde (qui est apparemment librement adapté d'une nouvelle) était intéressante. Intrigante. Tout une métaphore avec ces scientifiques qui dans leur observatoire cherchent à entendre et comprendre les sons de l'univers, et se trouvent confrontés à un autres mystère, cette corde qui n'en finit pas. Sophie (Jeanne Balibar) qui sait sa mort prochaine, y voit une ultime distraction, puis peut-être une chance de guérir quand les douleurs semblent disparaître au cours de la randonnée; Dani se pose des questions sur Dieu; Leïla (en situation de grande fragilité psychologique avant le départ) veut aller au bout, et fausse même compagnie aux autres un matin, pour continuer le chemin, alors que le reste de la troupe hésite. Cela aurait pu être porteur d'une belle réflexion, mais avec le troisième épisode on est un peu tombé dans le fatras, l'invraisemblance, l'hystérie.
Et un petit peu ridicule.
Certains détails sont tellement incongrus qu'il m'ont déconnectée de l'histoire. Par exemple, à un moment la corde entre dans la rivière. Leïla (Christa Théret) plonge pour découvrir où elle mène, bientôt suivie par son compagnon. Le personnage de Jean-Marc Barr, qui au départ ne veut pas continuer, veut juste voir si les autres se sont noyés plonge...sans retirer son manteau ni son sac à dos. Cela m'a semblé tellement idiot! Autre exemple, Agnès (Suzanne Clément) la compagne du directeur, aveugle, veut aller à l'endroit où la corde démarre, un collègue l'emmène. Elle lui demande un moment seule pour se recueillir, et elle en profite pour suivre la corde. Quand le collègue revient, il ne la trouve pas. Allez vous croire qu'il n'a pas pu la retrouver?? C'est pas comme si en forêt une femme aveugle pouvait courir comme Usain Bolt, hein!
Je passerai sur certains monologues qui ne m'ont pas touchée et ce dernier épisode m'aura vraiment beaucoup déçue. Et au final la série laisse un goût d'opportunité gâchée. Car elle aborde beaucoup de thème: la science, la croyance, l'espoir, le deuil, la solidarité, mais c'est survolé ou trop alambiqué pour être vraiment pertinent. Dommage.
Commenter cet article