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Après une déception avec Douleur et gloire, j'appréhendais un peu le prochain film de Pedro Almodovar. Madres paralelas, une histoire de maternité, de mensonge, me réconcilie avec lui, même si l'enthousiasme n'est pas totalement débordant.
L'histoire: Deux femmes, Janis photographe célèbre et talentueuse et Ana, mineure, se rencontrent dans une chambre d'hôpital sur le point d’accoucher. Elles sont toutes les deux célibataires et sont tombées enceintes par accident. Janis, d'âge mûr, n'a aucun regret, Ana en revanche, est une adolescente effrayée et traumatisée. Ces quelques heures ensemble vont créer un fort lien entre elle. Attention, quelques détails du film sont révélés dans ce billet...
Pendant longtemps, je suis restée perplexe, que cherchait à me dire Almodovar? L'échange entre les deux nouvelles-nées est vite découvert...est-ce donc ce filon que le cinéaste creuse? La notion de parentalité vs les liens du sang? Pas forcément, ou pas seulement? Et si tout est très bien joué, je restais sur la retenue pendant une bonne (grosse) partie du film. L'habileté d'Almodovar est de nous faire voir cette partie de l'intrigue du point de vue de Janis (Penelope Cruz), qui se retrouve avec le dilemme terrible de rendre ou pas la petite fille qu'elle aime à sa vraie mère...Forcément, on est avec elle, et un fait nous fait pencher en faveur du silence de sa part... c'est horrible dit comme ça, mais j'ai beaucoup oscillé.
Puis après des péripéties autour de ce point de l'intrigue, Almodovar reprend un fil qu'il avait laissé de côté au tout début du film après l'avoir évoqué: l'ouverture d'une fosse commune dans le village de Janis, où l'arrière-grand-père de cette dernière fut enterré après avoir été assassiné par des phalangistes, durant les premiers temps de la guerre civile. Et c'est là, je trouve, que le film prend toute son ampleur (peut-être un peu tard il me semble, car on est presque à la fin): Almodovar file la métaphore de la maternité, du lien, du mensonge : pour une femme, et pour une nation.
Peut-on vraiment vivre sainement sur les non-dits, voire les mensonges? Quelle relation, quelle société construit-on sur ces fondations bancales et surtout malsaines? La culpabilité, l'amour ne font pas bon ménage. Quant à essayer d'échapper à la vérité, c'est vain...elle vous revient toujours dans la figure. La fin est terriblement émouvante, bouleversante. La dernière image est un coup de poing en pleine figure.
Des retrouvailles positives avec Almodovar, même si j'y mets donc un petit bémol.
l'avis de Dasola
Autres films d'Almodovar chroniqués dans ces pages: Douleur et gloire, Julieta, Etreintes brisées, Volver,
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