Récemment, la ville de Graulhet dans le Tarn organisait, pour la cinquième année il me semble, deux journées découverte pour mettre en valeur les savoir-faire autour du cuir et du vin. N'étant pas amatrice de vin, c'est deux visites autour du cuir qui m'ont amené dans cette petite ville.
A la Maison des métiers du cuir, on pouvait découvrir toutes les étapes qui permettent de transformer la peau arrivant de l'abattoir en cuir prêt à être travaillé. Installé dans une ancienne mégisserie, la Maison des métiers du cuir/office du tourisme se trouve sur la rive de la rivière Dadou. Un indispensable puisqu'il faut énormément d'eau pour traiter les peaux. De l'eau et des produits chimiques. Les rivières étaient donc très polluées avant que les mégissiers et tanneurs ne se préoccupent enfin de ces problèmes. La rivière changeait de couleur en fonction des teintures etc. Une horreur donc. Les odeurs étaient aussi, apparemment, abominables. Le travail était très dur, et les machines utilisées pour nettoyer, assouplir, décharner, épiler etc les peaux étaient très dangereuses. Beaucoup y laissèrent doigts, voire mains. En tout, il faut entre 30 et 40 jours pour faire d'une peau du cuir. On apprend également que la peau est totalement lisse, donc le "motif" que vous trouvez sur votre sac, ceinture, canapé est une impression. La différence entre mégisserie et tannerie: la taille de la peau travaillée. Dans la première : chèvres, moutons etc, dans la seconde: bovins.
Une visite très intéressante, amoindrie par une guide apparemment nouvelle sur le sujet, et donc vite dépourvue face à certaines questions. J'ai regretté l'absence de perspective historique sur le secteur du cuir dans le Tarn. Heureusement, il y avait deux personnes, très âgées, qui ont travaillé dans des mégisseries et ont pu apporter quelques précisions et anecdotes.
La ville de Graulhet en elle-même a un certain charme, même si les maisons abandonnées ou en très mauvais états rappellent que cet ancien centre important des métiers du cuir a largement perdu de son attractivité et de ses habitants.
Deuxième visite: les Maroquineries Philippe Serres à Briatexte, commune limitrophe de Graulhet. Entreprise familiale, où l'arrière petit-fils de la fondatrice nous a fait parcourir l'atelier, découvrir les diverses étapes du travail du cuir, les machines pour découper, désépaissir etc. Nous avons pu observer les employé.e.s en plein travail. L'entreprise produit pour sa marque propre, mais également pour des clients. Nous avons pu voir un prototype d'abat-jour pour une très luxueuse marque française. Je ne mets pas la photo pour ne pas risquer de mettre en difficulté l'entreprise. Une deuxième visite passionnante, technique mais très pédagogique. On apprend notamment qu'une certaine marque de canapés transalpine propose du cuir de très mauvaise qualité.
Une bonne chose que d'avoir visité le matin la Maison des métiers du cuir, nous avions les bases pour mieux comprendre le travail du cuir.