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Même si ce n'était pas une surprise, le retour des Talibans à Kaboul, la fuite du président (avec des sacs remplis de billets - plus de 100 millions de dollars - oui vous avez bien lu!), et le ballet des avions pour évacuer dans l'urgence les ressortissants étrangers et celles et ceux qui avaient les avaient aidé, ont marqué la fin de cet été 2021.
Beaucoup ont glosé sur "le nouveau Vietnam des Américains qui revivent la fuite de Saïgon", l'humiliation de Biden etc. Si, de fait, le résultat de ces 20 ans de guerre en Afghanistan est plus que mitigé (euphémisme), d'un point de vue militaire les Etats-Unis ont plus ou moins réussi ce qu'ils étaient venu faire: affaiblir Al Qaida et débusquer Ben Laden. Mais pour le reste...
Est-ce seulement l'échec des Etats-Unis et leurs alliés? Clairement, ils ont failli. Parce qu'ils ont choisi les mauvais alliés. Parce qu'ils ont ensuite voulu mener la guerre en Irak qui a monopolisé beaucoup de forces militaires, intellectuelles et financières. Parce qu'ils ont été pour certains tout bonnement incompétents, méconnaissant la réalité du terrain. C'est-à-dire, un pays comme beaucoup malheureusement, dont les frontières ont été tracées en dépit du bon sens par des puissances coloniales qui ne réfléchissaient qu'en termes de leur intérêt propre, sans aucune considération pour les populations. On peut aussi, à l'instar d'un excellent journaliste irlandais, Fintan O'Toole, considérer que ce "nation building" comme on l'appelle, ne pouvait de toute façon pas réussir. Comment en effet, les Etats-Unis et leur démocratie tellement loin d'être parfaite, qui depuis plus de 15 ans allait droit vers Trump, où l'argent (dark money) permet à une clique de confisquer la démocratie, comment les Etats-Unis donc auraient-ils pu réussir à bâtir un état de droit viable et stable alors qu'ils sont incapables de faire fonctionner chez eux la démocratie ?
Mais tout ne se résume pas aux failles des Occidentaux. Côté Afghan, il y a a dire. Une corruption quasi totale de dirigeants, militaires et autres fonctionnaires qui ont détourné des sommes colossales, ce qui explique qu'aujourd'hui, malgré les milliards déversés, le pays soit dans un si mauvais état. Si à Kaboul les choses ont beaucoup changé, la population a doublé, les femmes ont pu un peu s'émanciper, dans la majorité rurale du pays, la pauvreté est terrible. Les mentalités n'ont pour ainsi dire pas changé. Et si les Talibans ont été si bien accueillis, ce n'est pas spécialement pour leur idéologie: ils ont amené de la stabilité, ils ont rempli le vide laissé par un Etat qui n'est tout simplement pas là ou tellement corrompu que c'est tout comme.
Bref, je m'arrête là: je voulais vous suggérer, comme le titre l'indique des podcasts pour mieux comprendre la situation.
Tout d'abord, une série de quatre émissions du Cours de l'histoire sur France Culture de Xavier Mauduit, intitulée La longue histoire de l'Afghanistan. Les deux premiers podcasts s'intéressent à l'histoire lointaine et le patrimoine afghan, les deux derniers sur l'aspect plus géopolitique et la situation actuelle au regard de la guerre qui dure en fait depuis l'invasion soviétique. Des intervenant.e.s très intéressants, une série passionnante.
Autre podcasts à écouter, toujours sur France Culture: une autre série en quatre épisodes de l'émission Cultures Monde de Florian Delorme, intitulé Retour des Talibans, l'onde de choc. Là encore, des podcasts très denses en informations, avec des intervenant.e.s pointu.e.s. Du rôle extrêmement ambigu ( c'est le moins que l'on puisse dire) du Pakistan, à la fois allié des Américains, mais qui protège voire arme certains talibans, à la position de la Chine et de la Russie, qui discutent depuis plusieurs années avec les Talibans, en passant par les Trucs et les Iraniens ou encore la question des réfugiés en Europe, quatre émissions qui abordent de nombreux angles géopolitiques et donnent un aperçu éclairant sur la situation actuelle.
Autre podcast que j'ai découvert à l'occasion justement de cette actualité et à écouter sur Soundcloud Afghanistan: les rouages de la victoire des Talibans, par l'émission Le collimateur, un programme de l'IRSEM, l'Insitut pour la Recherche Stratégique et Militaire. Alors, ne vous dites pas ouh la la, les militaires très peu pour moi! Si la géopolitique vous intéresse, c'est vraiment à écouter. Cela n'évoque pas en long en large et en travers de chars et de fusils, mais bien comment les Talibans ont réussi à revenir au pouvoir. C'est là encore très fouillé (le podcast dure un peu plus d'une heure), très clair et permet de mieux comprendre ce qu'il s'est passé.