En avril 2008, Emmanuel Lepage part avec un groupe, à la demande de l’association les Dessin’acteurs, pour une sorte de résidence d'artistes...à quelques kilomètres de Tchernobyl. Etrange destination n'est-ce pas?
De ce séjour, il revient avec un album magnifique pour nous parler de la tragédie de l'époque, et de la vie aujourd'hui. Avec lui, nous découvrons une vie sur place trompeusement tranquille, la nature luxuriante, la douceur du printemps. Se pose la question de ce qui se cache sous cette apparente normalité...et les compteurs à radiations sont là pour leur rappeler que rien n'est normal dans cette région de l'Ukraïne.
En ouverture de l'album, des citations du récit La supplication de Svetlana Alexievitch sont glaçantes.
Relation aux autochtones, visite des abords de la centrale, questionnements sur le rôle du dessinateur, Emmanuel Lepage retranscrit tout avec beaucoup d'humilité et de sincérité. Notamment toutes ses interrogations autour de son dessin: peut-il vraiment rapporter ces aquarelles de forêts paisibles et vertes? Et non des paysages désolés aux arbres décharnés? Comment rendre la vérité de la tragédie des dizaines de milliers de morts (et de morts en sursis, avec le nombre des cancers), de tous ces gens qui durent tout quitter, sans savoir que ce serait pour toujours?
Un album passionnant, très beau aussi sur la forme, avec tout un travail sur les différents medium utilisés, les couleurs etc..
Encore une bonne pioche aux éditions Futuropolis.
A lire: Cesium 137 de P. Croci, De bonnes raisons de mourir de M. Audic ou encore Tchernobyl mon amour de Chantal Montellier
A écouter: le podcast de La supplication d'Alexievitch sur France Culture.
A voir: la série Chernobyl, que j'ai vue récemment mais pas chroniquée. Autant vous dire qu'on en ressort rincé. Superbement filmée et interprétée.
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