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Comme tout parent d'un enfant, je suis tombée, bien malgré moi dans le vortex infernal de La Reine des neiges. Depuis le spectacle de noël à l'école où un medley de chansons Disney fut interprété, et apparemment une Reine des neiges qui a fortement impressionné Miss O, me voilà quelques mois plus tard connaissant quasi par coeur les chansons des opus 1 ET 2... (d'ailleurs, j'écris ce billet au son de la BO du deuxième film). Le succès tiens d'ailleurs à la chanson phare du premier, Libéréééééé, délivrééééééé (oui, ça y vous l'avez dans la tête pour la journée, ne me remerciez pas!).
Le Bon Coin est aussi devenu mon meilleur ami. Car vous l'avez sûrement remarqué, Disney a fait très, très fort en terme de merchandizing. Ils ont tiré le meilleur parti de leurs poules aux oeufs d'or, Elsa et Anna . De ce que j'ai pu lire, les deux films (et je ne parle que des films) ont rapporté à Disney la belle somme de plus d'1 milliard de dollars....chacun. Et quand on décline les princesses d'Arendelle en couverts, pansements, brosses à dents et autres linge de lit et vélo (pour votre info, on a tous les objets cités, sauf la brosse à dents - quand je vous dis que Le Bon Coin est mon meilleur ami, et les grands parents aussi, qui alimentent l'obsession! ;) ), bref, autant vous dire que chez Disney ils les ont en platine serties de diamants! Heureusement pour moi, les autocollants sont un moyen facile de customiser des objets pour éviter de se fader les "sous licence". Car le porte-monnaie n'est pas extensible. Accessoirement, je suis devenue ultra pro pour les tresses...
Cependant, en tant que mère attentive à ce qu'elle met dans la tête de sa fille, je trouve que La Reine des neiges est plutôt un bon cru de dessin animé, en terme de valeurs (en terme de film, le premier, je trouve que ça ressemble plus à une succession de saynètes obligatoires qu'à un vrai film). Ca parle de la différence, de l'amitié, de l'amour...qui n'est pas celui du prince qui sauve la princesse, mais de deux soeurs qui s'en sortent ensemble. Dans le premier, et encore plus dans le second film. Dans le premier, Anna, rendue accidentellement statue de glace par sa soeur ne peut être sauvée que par un acte d'amour véritable...qui s'avère être non pas le fait d'un amoureux, mais bien d'Elsa elle-même. Cela m'a un peu fait penser à Maléfique (2014) avec Anjelina Jolie: c'est son baiser qui sauve Aurore, et non celui d'un prince. Etonnant que ces deux films sortent à un an d'écart (LRDN en 2013)...
Donc nous avons deux personnages fortes, deux jeunes femmes qui sont, je trouve, de bon modèles pour les jeunes filles (et qui montrent aux garçons que les filles c'est pas des trucs gnangnans qui ont systématiquement besoin d'être sauvées, mais qu'elles peuvent aussi botter des culs).
A la médiathèque municipale, ils ont bien sûr les films et les BO. Et je pensais aussi qu'ils avaient un livre. Et en effet, on réserve pour Miss O. le livre intitulé La reine des neiges. Mais quand nous le retirons enfin (après presque 6 semaines d'attente...interminable pour l'Héritière)...quelle n'est pas notre surprise: il s'agit du texte original d'Hans Christian Andersen. Déception chez l'une (vous devinez laquelle), curiosité de l'autre. Et nous voilà à lire l'original.
Dire que le film de Disney est librement adapté du conte d'Andersen c'est même plus un euphémisme, ça va au-delà. Je vous le résume: Anna et Hans (prénom du méchant prince qui veut piquer le pouvoir et accessoirement pour cela doit tuer les deux sœurs dans le Disney) s'aiment énormément, ce sont des enfants. Un jour, Hans reçoit dans l’œil et dans le cœur des éclats d'un miroir magique fabriqué par un troll maléfique (les trolls sont super sympas et mignons dans le Disney), éclats qui changent sa perception du monde et glacent son cœur; peu de temps après la reine des neiges l'emporte dans son royaume et d'un baiser sur le front le "glace". Après des mois de recherches infructueuses par les villageois, Anna décide de partir elle-même à la recherche d'Hans. Son périple durera des années, elle rencontre une sorcière qui veut la garder près d'elle et lui ôte la mémoire; grâce à des roses magiques, elle retrouve la mémoire et repart à la recherche du garçon. Une corneille l'emmène à un château où elle croit trouver Hans, mais ce n'est pas lui. La princesse dudit château lui file carrosse en or (quelle idée) et tout ce qu'il faut pour repartir; en chemin Anna tombe sur une bande de brigands qui l'enlèvent (carrosse en or tout ça tout ça), mais la fille de la cheffe a pitié d'elle, lui file un renne et lui indique que la RdN vit au Nord. Elle retrouve enfin Hans, qui ne la reconnaît pas, cela fait pleurer Anna et ses larmes ôtent les poussières de miroir des yeux et du coeur d'Hans qui redevient lui-même et ils rentrent chez eux. The End. Je vous conseille pour le lire la version, fort belle, de Natacha Godeau et Giorgio Baroni (chez Auzou)
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Donc, en comparaison: dans le Disney (le premier film), Elsa, fille du roi et de la reine d'Arendelle, est dotée de pouvoirs qu'elle ne peut contrôler, blessant accidentellement sa soeur cadette Anna quand elles sont petites. Sauvée par les trolls, cette dernière est rendue amnésique pour la protéger, Elsa doit cacher ses pouvoirs et les deux soeurs ne peuvent plus avoir de contact. Les parents meurent, et le jour du couronnement, Elsa n'arrive pas à cacher ses pouvoirs, et s'enfuit laissant Arendelle figée, figée, figée dans un hiver sans fin (oui, j'ai aussi cette chanson dans la tête!). Anna par alors à sa recherche, aidée en cela par Kristoff et son renne Sven, et le petit bonhomme de neige (l'atout humour du film) Olaf. Elle retrouve Elsa dans son palais de glace, mais comprenant que décidément elle a encore foutu le bronx, et n'est ni libérée, ni délivrée, Elsa, de colère met de la glace dans le cœur d'Anna (elle ne fait pas exprès bien sûr). Vous suivez toujours? rassurez-vous on est presque au bout. Je vous passe les détails avec le petit connard de Hans, prince avide qui a séduit la naïve Anna le jour du couronnement et veut se débarrasser des deux frangines pour récupérer la couronne. Mais Anna finit en statue de glace (la glace dans le cœur rappelez-vous) et c'est donc quand Elsa la retrouve en statue de glace et pleure sur elle que le "maléfice" est conjuré. Voilà.
Alors, vous êtes d'accord, on est très très loin du texte d'Andersen? Genre on a pris le titre et on a fait sa petite histoire peinards. Miss O. était très "perplexe" en lisant que Hans était gentil mais plus que tout que la RdN était... méchante! Ce que je ne comprends pas, c'est qu'on aurait très bien pu reprendre le conte d'Andersen pour ce qu'il était. Même si on reste sur un amour qui sauve très classique (un couple, pas un amour de soeurs), c'est quand même Anna qui sauve Hans et pas le contraire, et après plein de péripéties. Pourquoi le changer à ce point-là? Je me demande bien l'intérêt de reprendre ce conte d'Andersen, qui était loin d'être le plus célèbre de tous, pour en faire tout autre chose, pourquoi ne pas simplement inventer totalement une histoire? (Ne me parlez pas de la Petite sirène, ou des autres contes qui ont servi d'inspiration à Disney, je ne les ai pas lus, donc je ne peux pas comparer). Vraiment, ça m'interroge. C'est de la flemme?
Quoi qu'il en soit ça marche.... je vous laisse "Anna" réclame sa pitance...