Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mademoiselle de Joncquières - Emmanuel Mouret

Entre deux soirées dédiées au visionnage des saisons de Game of Thrones que je n’avais toujours pas vues, j’ai regardé sur Arte l’adaptation d’Emmanuel Mouret d’un texte de Diderot, Mademoiselle de Joncquières. De Mouret, j’avais adoré Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, réflexion sur le couple et l’amour, sur les attentes, les occasions manquées etc. Pourtant ce n’était pas gagné, mon premier Mouret, je ne l’avais pas particulièrement apprécié. Je me suis décidée pour Mademoiselle de Joncquières pour Edouard Baer, et Cécile de France, dans un rôle un peu à contre-emploi. Et ce fut un excellent moment de cinéma à la maison.

Adapté d’un épisode de Jacques le Fataliste, Madame de Joncquières conte l’histoire, au XVIIIè siècle, de l’amour trahi puis de la vengeance de Madame de La Pommeraye (Cécile de France). Veuve vivant à l’écart de la bonne société en province (le film est tourné au château des sourches, à Saint-Symphorien), elle finit par céder, après des mois de cours assidue, aux avances du marquis des Arcis, libertin notoire (Édouard Baer). Après quelques temps, il s’intéresse plus à ses projets de construction qu’à sa belle. Ils se séparent, et elle fomente une terrible vengeance : elle prend sous son aile une ancienne aristocrate et sa fille condamnées à la prostitution (elles aussi victimes d’un libertin) et s’en sert d’arme pour abattre Arcis. Lui faire aimer la jeune Mademoiselle de Joncquières, puis lui révéler qui elle est vraiment. Evidemment, cela ne finit comme Madame de La Pommeraye l’aurait souhaité.

Emmannuel Mouret m’a encore une fois convaincue par son film d’une grande élégance dans la mise en scène. Il met son duo d’actrice et acteur dans un écrin de verdure dont il tire un décor sublime où la noirceur d’une âme se cache. Cécile de France est absolument remarquable. Je ne l’ai pas vue dans tant de films que cela, L’auberge espagnole et ses suites bien sûr, Django, Mauvaise Foi, En équilibre, Un secret et c’est à peu près tout. Elle m’a bluffée de maîtrise dans le rôle de cette femme rendue cruelle par l’amour bafoué, retorse et totalement dénuée d’empathie pour qui que soit d’autre qu’elle-même.

Chaque personnage est pareillement observé par Mouret, personne n’est jugé, même Madame de la Pommeraye. Qui fait elle-même son malheur. Mouret sait très bien mettre au jour les esprits et les corps qui s’affrontent, l’ironie, le décalage entre les mots et les gestes. Un excellent film.

Tag(s) : #Petit & grand écran, #coups de coeur
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :