/image%2F1577649%2F20201015%2Fob_125764_7-1488055.jpg%3Fitok%3DMfJ0gOQ7)
Connaissez-vous Josep Bartoli? Non? Moi non plus. C'est un dessinateur catalan né à Barcelone en 1910, et qui fut, comme beaucoup, forcé de fuir à la fin de la guerre d'Espagne en 1939. Un épisode tragique appelé la Retirada. Je m'étonne toujours, vivant dans le sud de la France, qui plus est, d'en savoir si peu sur cet épisode si terrible pour les Espagnols, et ô combien peu glorieux pour les démocraties européennes et en particulier la France.
Josep Bartoli, dessinateur donc, réfugié en France après la Retirada, c'est cet épisode que nous relate dans ce très beau film d'animation Aurel, lui-même auteur de BD (que je ne connaissais pas non plus!). Et il le fait par le biais du récit de Serge, un des gendarmes surveillant le camps de Rivesaltes. Josep raconte l'amitié improbable entre le dessinateur catalan et ce jeune gendarme, à rebours de ses collègues, qui n'hésitent pas à "casser" de l'"espingouin". Serge, bien des années plus tard, raconte cette histoire à son petit fils.
Disons le tout de suite, j'ai été un peu déstabilisée au départ par l'animation. De très belles couleurs, qu'on dirait aquarellées, mais des personnages dont les mouvement sont très hachés. Mais on s'y habitue. Aurel restitue une ambiance, celle du camp, du racisme basique et crasse des Français, la solidarité des réfugiés malgré leurs profondes divergences parfois (communistes/anarchistes), l'empathie et l'aide apportée par certains Français aussi ou comme ce tirailleur Sénégalais philosophe. Des images émouvantes, parfois révoltantes, mais toujours d'une grande justesse.
Les voix, Sergi Lopez (Josep), Bruno Solo (Serge) ou encore François Morel (un gendare raciste et violeur) sont parfaites. Signalons aussi la très belle bande son, et notamment les chansons catalanes, déchirantes de beauté.
Un très beau film.
Je n'ai pas lu/vu énormément sur le sujet, mais voici quelques idées à trouver sur le blog: Pas pleurer de L. Salvayre,
Un chapitre sur le camp de Rivesaltes dans L'esprit des lieux d'A. Monnier,
Lettre à Franco (film) d'Amenabar,
Commenter cet article