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Olivia Ruiz est petite fille de réfugiés espagnols, trois de ses grands-parents ont fui l’Espagne en 1939, quand ils étaient enfants, et s’installèrent à Marseillette dans l’Aude. Ils n’en ont jamais parlé. De ce manque, est née l’envie de combler les vides.

Nous suivons donc Rita, tout au long de sa vie, à travers des souvenirs rangés dans la commode aux tiroirs de couleurs du titre. Des souvenirs cadenassés, car la petite fille de Rita n’ouvre les tiroirs qu’après la mort de celle qu’on appelle l’Abuela, la grand-mère. Olivia Ruiz recrée avec la toute jeune Rita et ses sœurs les grandes étapes de leurs vies, sur trois générations.

Dans cette Commode aux tiroirs de couleurs, Olivia Ruiz nous emmène au cœur de vies tourmentées, par la guerre, l’amour, par la mort.  Rita est une femme entière, qui se bagarre avec son histoire. Couturière de talent, elle réussit à parler un français sans accent, et décide de s’extraire de Narbonne pour exister pleinement. à Toulouse, elle devient Joséphine Blanc. Une française comme une autre. Ce roman conte le défi que représente l’exil : comme s’intégrer, ne pas être réduit à son statut de réfugié.

Et il faut vivre aussi avec les fantômes des êtres chers: n’oublions pas que Rita fuit la guerre civile espagnole. La mort est là, elle rôde, frappe durement la jeune femme : ses parents, son grand amour Rafael, je n’en dis pas plus pour rien divulguer, mais Rita devra apprendre à vivre avec ces fantômes, les apprivoiser.

Ce roman est à l’image d’Olivia Ruiz. Rita, qu’elle a bâtie à partir de femmes proches d’elle ou qu’elle a rencontrées pour évoquer la guerre civile, est un personnage complexe, contradictoire parfois, à l’énergie folle auquel on s’attache. Je trouve néanmoins que ça manque un brin de profondeur psychologique, de chair, on sent bien la volonté de construire des personnages, mais je reste un peu sur ma faim de ce point de vue. L’écriture d’Olivia Ruiz nous rend Rita, malgré tout, vivante, on aime et on souffre avec elle. Elle a de l’humour aussi, ce qui ne gâche rien.

On retrouve dans ce roman ce qui fait d’Olivia Ruiz une artiste de talent.

Du caractère, de la gouaille, de la sensualité. Et un sens de la formule qui lui vient bien sûr de la chanson. Elle s’est relue et corrigée à voix haute pendant l’écriture de ce livre. Sa langue a du rythme, elle fuse, scande la vie de Rita et des siens, de ces femmes qui ont lutté pour se faire un destin dans un pays étranger. Un roman prometteur, pour peut-être une carrière d'écrivaine?

Tag(s) : #Ma bibliothèque
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