
Benni, petite fille de 9 ans, a de gros troubles de la personnalité. Elle est ingérable. Violente, agressive, elle ne reste que peu de temps dans les foyers ou les familles d'accueil, et on peut les comprendre. Certains sont désemparés, d'autres lassés, épuisés. Seule madame Bafané, son assistante sociale, qui s'est manifestement beaucoup attachée à elle, s'en soucie vraiment. Benni est sous médicaments, parfois, elle est même carrément mise sous puissants calmants et attachée sur un lit d'hôpital. (attention, des infos sont dévoilées dans ce billet, y compris la fin!)
On lui assigne un assistant de vie scolaire, Micha, qui un jour, alors que plus aucun foyer ne veut de Benni, va proposer de l'emmener 3 semaines dans son chalet en forêt. Micha a l'habitude des ados délinquants, et après un temps, il apprivoise Benni. Mais malheureusement, ce ne sera pas la fin des problèmes.
Et la mère dans tout ça? Honnêtement, pendant un partie du film, envie très forte de la secouer et de lui dire son fait. Mais on comprend que cette femme n'aurait jamais dû avoir d'enfants (Benni a 2 frère et soeur): elle est beaucoup trop fragile psychologiquement, elle est démissionnaire car elle n'arrive pas à gérer. Et sa petite fille Benni est en souffrance extrême du fait même de cet abandon qui ne dit pas son nom.
Benni est un film...je ne trouve pas les mots pour vous dire les montagnes russes d'émotions, le déchirement devant les hurlement de cette petite fille en souffrance qui ne demande que l'amour de sa maman. C'est par moment très dur à regarder. A d'autres moments on rit, on espère que Benni retrouvera un semblant de vie normale.
Nora Fingscheidt, dont c'est le premier film, réussit la prouesse de suivre cette enfant, et les adultes autour d'elle sans jamais porter de jugement. Si ce n'est sur l'état lamentable, voire criminel, des services de l'enfance en Allemagne (pareil qu'en France, probablement, et c'est désespérant). Benni est un métrage remarquablement maîtrisé, extrêmement sensoriel. Quand Benni perd la tête parce que quelqu'un lui touche le visage (elle aurait été étouffée par sa nounou quand elle était bébé, selon sa mère), les images s'entrechoquent, défilent à toute vitesse, recréant pour le spectateur le chaos de son esprit tourmenté.
On constate à quel point les adultes sont désemparés (la scène l'effondrement de madame Bafané est proprement terrible), tentent tout pour sauver cette gamine. Nora Fingscheidt montre aussi à quel point l'institution elle-même devient maltraitante pour cette enfant.
J'ai bien mis 45 min pour sortir de la séance. Vraiment. J'avais encore les larmes aux yeux pendant le trajet pour rentrer chez moi. Car l'histoire de Benni se finit mal...en tout cas c'est ainsi que je comprends la dernière image du film (et un autre spectateur avec qui j'ai discuté en sortant du ciné a le même avis). On pense au gâchis de cette vie, à ce que risquent de devenir son frère et sa soeur, le premier suivant apparemment la même pente, pour les mêmes causes.
Nora Fingscheidt réussit un phénoménal tour de force, la petite fille qui joue Benni est extraordinaire. C'est un film à voir. Même si il faut savoir en y allant qu'il est très dur. Je ne regrette cependant pas une seconde de l'avoir vu.
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