
Côté jeunesse, plongée dans les années 80 dans un album de Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse : Une année sans Cthulhu, mais qu’est-ce donc que cette chose, me direz-vous ?
Cthulhu est connu des fans science-fiction. Inventé par HP Lovecraft dans les années 1920, c'est une gigantesque créature extraterrestre endormie depuis des millénaires et vénérée telle une divinité par des humains dévoyés. Pour vous donner une idée de la tête du truc: une forme vaguement humanoïde complétée d'une tête de seiche, de tentacules de pieuvre et d'ailes semblables à celles d'un dragon.
Tout un programme…qui nous mène dans une petite commune de la région toulousaine au début des années 80. L’histoire de cet album, Une année sans Cthulhu, nous est racontée des années plus tard, à partir des souvenirs de ses protagonistes. Nous savons donc dès le début qu’il y aura un massacre…tout l’intérêt est de savoir comment on en est arrivé là. Nous suivons des ados qui tentent d’échapper à l’ennui en jouant à des jeux de rôles, très en vogue à cette époque.
Mais le jeu va rejoindre la réalité, quand une jeune fille mystérieuse, nommée Mélusine, débarque. Une année sans Cthulhu est un mélange bien dosé entre intrigue typique des amours et rivalités entre ados désœuvrés et éléments de fantastique et d’horreur. Mélusine sera victime d’un mystérieux accident, et les jeux de rôles vont prendre une dimension très, très réelle.
Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse, réussissent un album dynamique et haletant. Ce n’est pas la première collaboration entre Thierry Smolderen, scénariste belge, et le lotois Alexandre Clérisse, qui illustre cette histoire, et le duo fonctionne très bien. Une intrigue sans temps mort, où les rebondissements s’enchaînent, les moments de tensions font monter le suspense. Le dessin d’Alexandre Clérisse, est très dynamique lui aussi (et cela se voit dès la couverture).
Les couleurs, les lignes sont très marquées années 80. Des lignes tendues, acérées, très graphiques. Et le travail des couleurs est remarquable, loin de ce que l’on voit en ce moment dans la BD. Des teintes très pop, qui collent parfaitement au texte, en jouant sur le violet et ses nuances, par exemple pour nous plonger dans les recoins les plus sombres de l’histoire et de la psychologie des personnages.
En somme un album très réussi, mêlant fantastique et préoccupation typiquement adolescentes sans mièvrerie. Une année sans Cthulhu m’a souvent fait penser à l’univers de Stephen King de ce point de vue. Un super moment de lecture (176 pages tout de même!), avec des fils de l'intrigue qui restent inexpliqués...
En aparté: apparemment, le nom de la petite ville où se déroule l'intrigue d'Auln-sur-d'Arcq (si vous prononcez ce nom à haute voix, devrait évoquer un jeu vidéo mythique du début des années 1990, que je ne connais pas...avis aux amateurs! ;)
Commenter cet article