
Après des mois sans que l'enquête sur la mort de sa fille n'ait avancé, Mildred Hayes (Frances McDormand, oscarisée pour le rôle) prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police locale, Bill Willoughby (Woody Harrelson, magnifique), sur trois grands panneaux à l'entrée de leur ville.
Voilà le point de départ de 3 billboards, ce film intense de Martin McDonagh (Bons baisers de Bruges). Le réalisateur met en scène des personnages se débattant dans un pays où l’ american dream n’est qu’un lointain souvenir. Une petite ville où tout le monde se connaît. Mais le meurtre de la fille de Mildred est probablement le fait d’un homme de passage…et l’enquête ne peut avancer.
Personne n’est épargné dans ce film, ni Mildred, cassante, bornée, engluée dans son chagrin tant et si bien qu’elle ne voit plus celui de ses proches, ni le chef de la police (fantastique Woody Harrelson) qui laisse un de ses policiers (parfaitement incarné par Sam Rockwell, primé aux Golden globes pour ce rôle), la tête près du bonnet et ouvertement raciste (mais pas que), faire comme bon lui semble ou presque. A sa décharge, Chief Willoughby a un cancer… ce qui ne sera pas sans conséquences sur l’intrigue.
Et pourtant, 3 billboards c’est aussi le film de la dignité retrouvée, malgré la violence, la douleur, la haine aussi. Un humour noir, corrosif, fait planer l’ombre des Coen.
Dans le contexte d’un pays où le « œil pour œil… » et l’auto-défense sont loués à longueur de journée, Martin McDonagh ose montrer que la violence ne résout rien. A ce propos, les scènes de la défenestration ou de l’incendie sont presque d’une banalité effrayante. Elles disent beaucoup des Etats-Unis contemporains. McDonagh affirme dans 3 billboards (ou souhaite-t-il ?) que quelques mots, parfois, font basculer des vies…du bon côté de l’humanité. Rédemption, renaissance, nouveaux départs…3 billboards nous dit que rien n’est toujours totalement écrit. Magnifique.
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