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Emmanuelle Urien est une autrice que j’avais découverte avec un remarquable recueil de nouvelles, Court noir et sans sucre, il y a des années de cela (on ne va pas compter, ça serait désobligeant). Son nouveau roman a paru en septembre, et c'est une lecture réjouissante.
Nous découvrons Andrea, Alexis et Philippine, trois toulousains aux caractères très différents. Diamétralement opposés serait le terme adéquat, même ! Andrea est psychologue, en charge des astronautes de la station spatiale internationale, d’origine allemande et accrochée à ses habitudes. Pour ne pas dire rigide. Alexis est contrebassiste de jazz, dépressif, cela fait plusieurs années qu'il tournait, avec un orchestre, à travers le monde. Il revient s’installer à Toulouse sur les injonctions de sa sœur Philippine, tatoueuse, lesbienne et fantasque.
Tous ces personnages si différents vont se rencontrer, s’affronter, se réconforter. Et la première rencontre fera des étincelles, puisqu'Alexis emménage au-dessus de l'appartement d'Andrea...et fait BEAUCOUP trop de bruit.
Des personnages différents donc, et a priori pas spécialement aimables. J’ai eu un peu de mal avec Andrea en début de roman, je dois l’avouer, son côté très rigide m’agaçait. Mais le style d’Emmanuelle Urien a opéré sa magie. Linguiste de formation, traductrice, elle joue brillamment avec les mots, les expressions, et rien que ça est un bonheur à lire. Son roman est émaillé de traits d’humour, les dialogues entre les personnages sonnent toujours justes, leurs interactions également. Et après quelques chapitres seulement, on comprend, et l’on s’attache.
Derrière sa couverture poétique, se cache un roman profond sur notre capacité de résilience notamment. Au fil des pages, Urien dévoile les fêlures de ses personnages, leurs angoisses, les drames qu’il ou elle a vécu aussi. Avec finesse, l’auteure nous amène à réfléchir aux apparences qui nous enferment dans des cases, dont il faut sortir avec douleur parfois. Ce roman nous propose de laisser entrer la fantaisie dans nos vies. Et cela se retranscrit dans le roman, qui nous surprend plus d’une fois dans ses rebondissements.
La terre est ronde comme un losange est un roman qui fait du bien. Il nous fait du bien car il nous questionne sans juger, il nous fait rire, et nous donne espoir. D'aucuns le mettraient dans la case des feel-good books. Je ne suis pas toujours cliente du genre, c’est agréable à lire, mais certains sont aussi vite oubliés qu’ils ont été lus. Mais, oui, La terre est ronde comme un losange est un roman qui fait du bien, mais c’est aussi et surtout une vraie œuvre littéraire, avec un style, une certaine profondeur.