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Dans L’horizon qui nous manque, Pascal Dessaint retrouve sa terre natale du Nord, entre Calais et Gravelines.

L'auteur nous fait vivre quelques mois aux côtés de trois « marginaux »,vivant en bord de mer. Il y a Anatole, retraité, chasseur, qui fabrique des oiseaux en bois (très moches, d'ailleurs) pour attirer les migrateurs, et tire sa guitoune sur la plage pour s’y mettre à l’affût. Il y a Lucille : institutrice, bénévole dans la jungle de Calais qui a fini en burn-out, elle a tout quitté, et s’installe dans la caravane sur le terrain d’Anatole. Un jour, les rejoint Loïk, qui fait un peu peur, par son imprévisibilité et son passé de taulard.

J'ai eu, bizarrement, du mal à entrer dans l'histoire. Pendant une trentaine de pages, j'ai "ramé", mais me souvenant de ma précédente lecture (qui remonte à loin, certes) je savais que j'allais aimer. Du moins je l'espérais! Et j'ai bien fait de persister.

L’horizon qui nous manque explore les vies qui sont à la marge, parce qu’elles ont décidé d’y être, ou parce qu’on les y a mises d’office. Chaque personnage de ce trio est l’occasion d’évoquer les « petites » vies, celles qui ne brillent pas. Des destins englués parce qu’il n’y a personne pour tendre la main. L’économie en rade, le paysage qui change, en bien ou mal, ceux qui luttent, et ceux qui abandonnent la partie.  Faute d’énergie, faute d’espoir. 

On sent que Dessaint aime ces gens dont il nous conte les vies, malgré ou à cause de leurs défauts. Loïk, Anatole, Mamie Crevette ou encore Jules, le colombophile, chef de Loïk. Des vies cabossées, mais éclairées par de l’amour parfois, de l’amitié, la solidarité. Dans une société qui se déshumanise, des valeurs qui sont chères à Dessaint.

L’horizon qui nous manque est un roman noir, et si vous voulez vous remontrer le moral, clairement ce n’est clairement pas ce bouquin qu’il faut lire. Mais il y a d’une part beaucoup d’humour, et aussi beaucoup, beaucoup de tendresse. Une tendresse bourrue, à la Gabin, presque un personnage de ce roman d’ailleurs, Gabin. Les personnages y échangent des citations de l'acteur dans divers films. Une culture commune, une connivence parfois fugace avec un inconnu. Soulage ou illustre la détresse ressentie.

On sent une espèce de nostalgie pur un temps où l’on avait des valeurs, un peu comme ces voyous au grand cœur des vieux films. Un bouquin qui regarde la vie droit dans les yeux et qui m’a beaucoup touchée.

Autre roman de l'auteur chroniqué dans ces pages: Du bruit sous le silence.

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