
Une deuxième participation au mois anglais, qui l'eût cru? C'est avec l'écrivaine et dessinatrice Posy Simmonds que je fais une nouvelle incursion outre-manche.
Petit rappel pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas: excédée par l'intrusion incessante de ses beaux-enfants et de l'ex de son mari, Charlie, Gemma Bovery, artiste "en pause" et décoratrice d'intérieur à ses heures, décide de s'installer avec celui-ci loin de Londres, dans une fermette du bocage normand. Là, elle découvre avec émerveillement, les charmes de la campagne française. Mais le French Way of Life a ses limites. Surtout dans une maison au toit qui fuit et aux relents persistants de fosse sceptique. De plus, l'ennui guette. Gemma prend un amant sous l’œil jaloux de Joubert, le boulanger, qui se fait le chroniqueur de sa déchéance amoureuse.
Posy Simmonds, avec cet album au format original, entre la BD et le roman illustré, croque des personnages hauts en couleurs, bourrés de travers, de manies, de lubies. Gemma Bovery est une femme un peu (beaucoup) perdue, qui ne cesse de penser à son ancien amant, celui qui l'avait plaquée avant qu'elle ne rencontre Charlie. C'est le prototype de l'insatisfaction qui jamais ne se pose, comme une fuite en avant.
Autour d'elle gravitent des personnages au travers desquels Posy Simmonds peut pointer avec beaucoup de finesse et de justesse les petits et grands défaut de l'humanité dans toute sa banalité, sa vénalité, sa couardise aussi. Et pourtant, tous autant qu'ils sont, on n'a pas envie de totalement les condamner.
Je ne sais pas pourquoi je m'attendais à quelque chose de plus léger, mais en fait Gemma Bovery est une fable d'une ironie acide et cruelle. Son trait de crayon est remarquable, extrêmement riche et nuancé. Etonnant parfois, le personnage de Gemma notamment me mettait mal à l'aise...parce qu'on ne voyait pas ses yeux...juste des orbites recouverts de paupières...comme fantomatique.
Et maintenant, j'ai envie de voir le film avec Gemma Aterton (que j'avais vue dans Tamara Drewe, une autre adaptation libre par Posy Simmonds d'un classique (en l'occurrence, Loin de la foule déchaînée de Th. Hardy)) et Fabrice Lucchini.

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