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Ce mois-ci, Arte offre de revoir nombre de films du cinéaste espagnol que l'on ne présente plus, Pedro Almodovar. Un réalisateur qui me plaît beaucoup et que j'ai eu l'occasion déjà de chroniquer dans ces pages (Volver, Etreintes brisées).

Je n'avais jamais vu Julieta et j'ai été énormément touchée par ce destin de femme (une fois de plus) qui rencontre l'amour jeune, mais qui bien plus âgée est terriblement seule.

Dès l'ouverture du film, nous comprenons que Julieta est sans nouvelles de sa fille Antia depuis des années. C'est au hasard d'une rencontre avec l'ancienne meilleure amie d'Antia dans les rues de Madrid, qu'elle découvre que sa fille a trois enfants et vit en Suisse. Et là, comme elle le dit, elle "replonge" dans la douleur, comme un alcoolique retomberait dans l'alcool.

Elle qui devait partir pour le Portugal avec son compagnon, décide donc de revenir dans l'immeuble où elle vécut avec sa fille avant que celle-ci ne disparaisse du jour au lendemain. Elle se décide à écrire dans un journal, comme si elle s'adressait à sa fille, leur histoire depuis la rencontre avec le père d'Antia, Xoan.

Pedro Almodovar réussit une fois encore à nous présenter des femmes (il n'y a quasiment pas d'hommes dans ce film) au caractère affirmé, aux fêlures, aux amours tumultueuses, passionnelles, malheureuses aussi. Un drame traversa la vie de Julieta, qui la transforma à jamais...Entre passé et présent, nous suivons Julieta dans ses souvenirs, comme un cheminement cathartique pour tenter de comprendre...et d'expliquer à Antia.

Il y a énormément de sensibilité dans ce film d'Almodovar, une grande justesse dans l'interprétation. Deux actrices incarnent Julieta: Adriana Ugarte (jeune) et  Emma Suarez (quinquagénaire). L'une est lumineuse, l'autre est éprouvée assombrie par le chagrin.

Julieta est un film d'un grande sobriété, bien loin de l'esbrouffe et de la loufoquerie dont Almodovar est capable, qui vous touche face au tragique de ces vies. Et surtout il évoque avec une acuité qui vous prend au tripes l'incommunicabilité de nos émotions face au drame, la culpabilité dévorante. Notre profond isolement. Mais il y a toujours, toujours une possibilité de retrouver la lumière...et pour cela la parole et la confiance sont indispensables.

 

 

Tag(s) : #Petit & grand écran
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