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Catherine Meurisse m'avait énormément touchée avec son précédent ouvrage, La légèreté, sur sa vie après les attentats contre Charlie Hebdo (elle faisait partie de l'équipe de dessinateurs, elle n'était pas au journal ce jour fatidique), et forcément je voulais lire ce nouvel album.
Les grands espaces retrace son enfance à partir du déménagement de sa famille pour la campagne du Poitou. Car comme ont dit les parents à leurs deux filles: "la campagne sera votre chance". Ils retapent une vieille ferme à l'abandon, plantent des arbres (ils préfèrent léguer des plantes et des boutures plutôt que des meubles).
Catherine et sa soeur vont grandir au milieu des champs, et comme Pierre Loti elles créent un musée à la maison. Les grands espaces n'est rien de moins qu'un superbe, nostalgique (mais pas dans le sens "c'était mieux avant" et pleurnichard) et humoristique ode à la campagne, la nature et l'Art. Il y a de très belles planches façon herbiers d'un autre temps; sa grande soeur incarne la littérature et l'abreuve de citations de Zola ou Proust. On sent bien comment Catherine Meurisse a développé son rapport à l'art, son rapport à la nature, sa haine des pesticides et des ronds-points comme elle le dit.
Une fois de plus, j'ai été conquise par son trait, par son humour, mais surtout par sa capacité à faire un pas de côté et se mettre à distance d'elle-même. Beaucoup de sincérité et de tendresse dans cet album que je vous recommande chaudement!
