
Vous aimez le Tintoret, Véronèse... Venise et sa place saint Marc? Clélia Renucci, dont c'est le premier roman, nous y emmène...
Et nous fait vivre la naissance (ou plutôt la renaissance) d'une oeuvre picturale: le Paradis, toile monumentale ( 22 mètres de long sur 7 mètres de haut ) qui orne la salle du Grand Conseil du palais des Doges.
Après l’incendie qui ravagea l’édifice en 1577, le Doge mit en concurrence les plus illustres peintres, parmi lesquels le Tintoret et Véronèse, alors au sommet de leur carrière, pour réaliser cette oeuvre.
Clélia Renucci propose un roman dense, fourmillant de détails historiques autant bien sûr sur les immenses peintres que furent le Tintoret et Véronese, mais aussi sur les différents membres du conseil, les doges successifs (il faudra de nombreuses années pour la réalisation de la toile). Les profanes en apprendront plus également sur la peinture, la technique pour une toile aussi monumentale: il fallut inventer un échafaudage spécifique, la toile était collée en fait sur un immense panneau de bois etc.
Concours pour le paradis m'a appris la rivalité terrible qui opposa le Tintoret "local de l'étape" comme on dit au peintre de Vérone. Une rivalité faite de coups bas et de ruses. Clélia Renucci a manifestement bien étudié son sujet (et elle a de qui tenir, puisque c'est la fille de Pierre Miquel), et elle nous plonge dans une ambiance de luxe, d'intrigues politico-religieuses (avec l'ombre de la papauté et de l'Inquisition). Aux côtés de ces peintres, de leurs apprentis, de leurs adversaires dans ce fameux concours, nous suivons les affres de la création, les incertitudes liées au statut de peintre, tributaire de ses mécènes et soutiens pour pouvoir assurer sa subsistance...
Un roman foisonnant, une plume très agréable, un excellent moment passé en compagnie d'êtres au talent hors norme dont les noms et les œuvres sont toujours aussi admirés des siècles après.
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