
Driss est policier, à la brigade des stups car c'est là que sa "gueule est un atout, pas un boulet". Imrane et Manu sont des dealers. Les trois ont grandi dans la même cité de la banlieue parisienne, étaient amis, avant que Driss choisisse une autre voie.
En plein Paris, Imrane et Manu en route pour une livraison, sont attaqués. Le premier est tué, le second s'en sort, mais la rumeur court très vite dans la cité que c'est lui le coupable. Driss est contacté par l'inspecteur qui enquête sur le crime car Imrane était son indic.
Frères ennemis est "encore" un film sur les flics et les voyous. Mais là où d'autres réalisateurs cherchent la surenchère dans la violence, la laideur, David Oelhoffen se propose de nous montrer un trio d'hommes avec leurs forces et leurs faiblesses. Sans faire du flic un surhomme, ou des voyous des "beaux gosses", pas de glamour dans leur vie. De la peur, de la violence, de la mort.
Je ne suis pas fan habituellement de la caméra à l'épaule, qui bouge dans tous les sens. En général c'est plus le mal au coeur assuré qu'autre chose. Dans Frères ennemis, ce procédé est, à mon sens, toujours utilisé à bon escient et apporte vraiment une sensation d'urgence, de tension.
Ce film dépeint une réalité sombre, pas du tout exempte d'humanité et de lumière, mais nous raconte une réalité qu'on préfère souvent oublier. Il parle de vies gâchées, de déterminisme social, de l'enfermement à ciel ouvert d'une population. Du désarroi de la police, l'ambivalence de ceux comme Driss qui s'en sont "sortis", mais à quel prix? Certains s'en accommodent fort bien, quand d'autres en crèvent. Littéralement.
Les acteurs sont à la hauteur, totalement. Reda Kateb (Driss) que j'admire de plus en plus, Matthias Schoenaerts (Manu), ou encore Sabrina Ouazani (veuve d'Imrane). Ils et elles sont toutes d'une justesse qui émeut et chamboule. La fin est logique et tragique. Un très beau film.
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