
Installé dans une petite cahute, en plein coeur de Tokyo, Sentaro vend des dorayakis, des pâtisseries traditionnelles japonaises, constituées de deux pancakes fourrés d'une pâte confite de haricots rouges. Parmi ses clients réguliers, la jeune Wakana, lycéenne, égaie ses journées solitaires. Mais tout bascule quand un jour, Tokue, une dame de 70 ans, propose à Sentaro ses services de cuisinière. D'abord réticent, l'homme finit par accepter de l'embaucher après avoir goûté sa version des dorayakis. Bien lui en prend, la recette de la vieille dame, aussi simple qu'inimitable, connaît très rapidement un vif succès et fait de l'échoppe un rendez-vous incontournable, devant laquelle les gens font la queue.
Adapté du roman de Durian Sukegawa, Les délices de Tokyo est un film qui oppose l'air de rien douceur et amertume, plaisirs simples et innocents face à la douleur enfouie des personnages qui le peuplent. Car Tokue a un secret (vite éventé bien sûr): elle a souffert de la lèpre dans sa jeunesse, comme en témoignent ses mains déformées. Sa vie rappelle que jusqu'à récemment, les Japonais atteints de cette terrible maladie étaient parqués, internés de force leur vie durant.
Avec cette vieille femme d'une douceur et d'une joie de vivre émouvantes, Sentaro et Wanaka sont amenés à écouter les haricots, ou les fleurs de cerisiers et leurs mystérieux messages. Tout le film est empreint de cette douceur, de cette sorte de philosophie de vie. La manière même de filmer de Naomi Kawase transpire de cette douceur, une caméra presque contemplative et pleine de tendresse pour ses personnages.
Simple (simpliste diront les mauvaises langues), Les délices de Tokyo est un film sur des trajectoires de vie loin d'être rectilignes, des secondes chances, mais aussi sur la maladie, la mort. Une réflexion optimiste et sereine. Un joli moment de cinéma.
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