Tempête sur Bangui - Didier Kassaï

Tempête sur Bangui Didier Kassaï

Troubles en République Centraficaine

Que savons-nous de la guerre civile en Republique Centrafricaine ? Pas grand-chose. Le nom de Seleka parlera peut-être à certains. Comme trop de pays africains, la Centrafrique subit depuis de nombreuses années, une guerre civile, ouverte ou larvée, qui cause des ravages terribles sur la population. Un pays qui pourtant regorge de ressources (pétrole, diamants), mais qui est perclus de corruption.

Didier Kassaï, dessinateur auto-didacte, nous raconte son vécu de la crise centraficaine.

Comment il a survécu avec sa famille à l’arrivée de la Seleka à Bangui, les pillages, les meurtres, les massacres. Et son art comme seul rempart, seule bouée pour ne pas se perdre dans ce tourbillon d’horreurs. Chrétien marié à une musulmane, il a dû fuir un temps avec sa famille. Dessinant le soir à la lumière de son portable, il raconte les troubles qui ont secoué son pays depuis les années 2000, avec « l’apothéose » de l’entrée de la milice musulmane dans la capitale Bangui. Une tempête de sang et de rafales de kalachnikovs, où la vie ne tient qu’à un fil. Des violences qui se multiplient, de tueries en représailles. Entre musulmans et chrétiens.

Album entre humour et horreur

Les dessins de Didier Kassaï sont éclaboussés de couleurs, vivants comme l’Afrique, et fourmillent de détails. Il faut les regarder attentivement. Je précise, car je suis du genre à passer assez vite sur les dessins, sauf si le trait ou la colorisation me touchent particulièrement. Là, il faut prendre le temps, observer, car Didier Kassaï est un dessinateur minutieux, attentif à restituer très fidèlement les détails qui apportent une touche d’humour (nom de boutique par exemple « Pharma-boutique Grâce divine »), ou d’horreur, à son récit. Et c’est pareil dans les dialogues, où il reproduit les différents accents (« Volères de voitires ! »).

J’ai été étonnée par contre par la façon de dessiner les gens. Ça m’a beaucoup fait penser aux représentations des Noirs à la « grande époque » de la colonisation. Je me demande pourquoi ce parti pris…

Cet album est un premier tome ; le second est en préparation et évoquera l’arrivée des milices chrétiennes entre fin 2013 et 2014.

Un album de grande qualité, éclairant, qui a été coédité par Amnesty International. A mettre entre toutes les mains !